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ma vie et moi (gay, père, lecteur, danseur, écrivain)
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28 mars 2021

pessa'h

Autour de moi, on ne comprend pas ce qui me pousse à pratiquer la religion juive, surtout des fêtes comme pessa'h ou kippour qui sont longues, compliquées et fatigantes.

Cela fait dix ans que je renoue progressivement avec mes origines juives. Ma mère en a toujours eu honte, du coup elle m'a fait grandir dans l'athéisme. Or être athée ne me convenait pas du tout, ça me filait d'énormes angoisses existentielles. Je me suis calmé quand j'ai rencontré la communauté loubavitch.
Cela s'est fait "par hasard",pendant une rando à la montagne d'argent. J'ai vu un couple de juifs 'habad devant les chalets de l'accueil, je croyais qu'il s'agissait de hamish. J'ai engagé la conversation. Sans savoir pourquoi, ils m'attiraient. Ils me donnaient l impression de sortir d'un autre temps.

Malgré mon apparence excentrique et egocentrique, je suis un timide. Je suis mal à l'aise en société. Le monde extérieur me perturbe. J'ai toujours préféré la compagnie des livres à celle des gens. Au moins, ils ne me jugent pas. Puis surtout, avec eux s'établit un vrai dialogue, je me nourris de leurs mots, mon intimité évolue grâce à eux. 

Si j'ai fait des études en philosophie en m'inscrivant à la sorbonne, c'est parce que je voulais aller au-delà des apparences, de la mienne surtout. Je cherchais à me cultiver, non pour en mettre plein la vue aux autres mais pour rehausser le peu d estime que j avais pour moi. Les autres m'ont toujours vu comme une salope, disons le clairement. Parce que j'étais beau. Parce que j'étais mannequin. Parce que j'étais en quête d'amour au travers une sexualité débordante. Je voulais mettre de l'humanité dans ma vie, hélas le retour en a été désastreux. Tout ce que les gens voyaient de moi, c'est que je me droguais, que je baisais, que j'étais canon. C'est tout. Seul mon homme a vu l'autre moi qui se cachait derrière cette apparence sulfureuse. Mais après l'avoir rencontré, après notre mariage au canada, après l'adoption d'aurore, après ma carrière de danseur, je voulais plus. J'attendais davantage.

Les juifs loubavitch sont mal jugés par tout le monde. Parfois à tort, parfois à raison. C'est un groupuscule fier de ses traditions qui bascule parfois dans l extrêmisme. La plupart des autres juifs plus libéraux les détestent. Moi, je les aime. Ils incarnent un idéal de vie auquel je ne pourrais jamais atteindre vu mon homosexualité. Non que je regrette d'etre gay, mais je regrette beaucoup le passé que j'ai eu. Même s'il était fascinant à bien des égards, j'en garde des souvenirs tumultueux très douloureux, très proches du suicide et de la dépression nerveuse. Je suis mal à l'aise avec beaucoup de lgbt. Cela surprend quand je l'avoue, mais faudrait il encore une fois que je me mente ? Que je dise à tout le monde"yes, je suis fier d'etre homosexuel ?" Bah non. J'ai aimé une femme. Deux en fait. La mère de mon fils, monica, qui vit en italie à florence,et mon ancienne meilleure amie dont je suis tombé amoureux et qui m'a largué comme une merde. J'avais 18 ans. Je n'ai jamais réussi à m'en remettre totalement. Elle a été ma muse pour plusieurs de mes poèmes tristes.

On m'a toujours forcé à paraitre ce que je ne suis pas. J'ai toujours voulu etre ce que je ne parais pas, pour me cacher. Rencontrer les hassidim 'hadab fut une libération, une explosion de mes obstacles intérieurs. Les rencontres humaines ne sont pas hasardeuses, elles ont un sens. Et je n'ai jamais pu me défaire de l'amour que je ressens pour les loubavitch. Je comprends les libéraux avec ma tête mais les 'habad avec mon coeur. 

Feter pessa'h est long, compliqué. Le rite dure une bonne heure et demi. Il faut manger accoudé en signe de liberté, il faut recouvrir ou découvrir les matsot à ce moment là, boire les 4 coupes de vin cul sec en continuant à lire la haggadah.. Mais ce n'est pas un repas comme un autre, il est là pour nous rappeler l amertume des juifs en exil. Et la sortie de l esclavage intérieur. On a tous besoin de sortir de ses propres barrières psychologiques qui nous empêchent d etre nous-mêmes. Hier soir, nous avons fait le premier repas. Avec mon homme, avec ma fille. Nous avons eu droit à un joyeux "c'est dégueulasse" lol d aurore quand elle a mangé l oignon au vinaigre. Ah bah oui, pas délicieux hein ! On a tous fait la grimace. Mais j'ai vu aussi la fierté dans le regard de mon mari, et cela me donne une force incroyable. Mon homme a le don de me donner une force de vie que je n aurais jamais eue seul. C'est lui qui m'a poussé à renouer avec mes origines juives. Je me suis converti au christianisme à 22 ans pour adopter la meme religion que mon homme, mais moi, Moi, je suis juif. Que cela plaise ou non aux autres.

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