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ma vie et moi (gay, père, lecteur, danseur, écrivain)
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4 septembre 2021

confusion

En ce moment, dans mon coeur et ma tête, c'est la confusion. Tout un tas de pensées, de souvenirs se mêlent à des émotions négatives. Je suis à cran. Pour diverses raisons. Les énumérer me semble fastidieux, mais je vais essayer de le faire pour éclaircir les ténèbres qui sont les miens :


- l'émancipation de ma fille me pèse plus que je ne l'aurais cru. Son indépendance est normale, elle a 17 ans, mais je me sens un peu seul depuis qu'elle a son petit copain. L'an prochain, elle sera majeure, ira à l'université. Elle commence sa vie de jeune femme. Du coup, je me sens vieux. ça me tombe sur la gueule comme une crotte de pigeon.


- je ne supporte plus mon homosexualité. Je m'en sens la victime. Je la vis comme une sorte de folie, de maladie. Je me sens pute. Cet été, j'ai écrit un récit qui s'appelle "la grimace". Il fait partie intégrante de ma saga sur l'homophobie qui va bientôt être publiée. "La grimace" était le nom donné à une catégorie de mon premier blog, tenu sur 20 six, où j'y parlais de mon rapport difficile avec ma mère. La grimace, c'est elle. Quand j'ai écrit cet été, je me suis senti soulagé, parce que je me suis souvenu des débuts de mon homosexualité, avant que je ne me sente pute. Avant de me droguer. Avant d'être violé. En revanche, je me faisais déjà agresser à 12 ans à cause de mon aspect féminin. Tous ces souvenirs m'ont permis de me rendre compte que je ne supporte plus mon homosexualité, je la vis très mal malgré ma situation d'homme marié. Du coup, je tente de me redéfinir en tant qu'homosexuel, loin de l'image cradingue. Je ne sais plus où j'en suis, ni qui je suis.


-je suis dans une période binaire, depuis plusieurs mois. Dans ces moments-là, je ne supporte plus de voir mon reflet. Parce que je sais qu'un jour ou l'autre, je vais retomber dans une période non binaire. J'ai parfois l'impression d'être à moitié schizophrène. Parfois, il m'est arrivé d'avoir des trous de mémoire quant à certains gestes que je fais. Comme des absences. Cela ne m'arrive pas souvent, heueusement, mais je me pose des questions sur mon cerveau.


-je suis panier percé en ce moment, j'ai acheté beaucoup d'artisanat. J'achète pour éviter de chialer comme une madeleine, pour éviter de ressentir le mépris que j'ai pour moi.J'essaye de redorer un peu mon blason, de mettre un peu d'élégance dans ma vie. J'ai toujours voulu être comme mon homme. Il est flegmatique, calme, sociable. Pas perturbé comme moi. S'il ne m'avait pas demandé en mariage à 22 ans, je serais mort. Mort de honte, et mort tout court. J'avais prévu de me suicider. J'avais écrit une lettre à mon frère pour lui dire que je l'aimais. Quelques heures à peine plus tard, j'ai fait une crise d'épileptie à cause de la drogue. C'est ce qui m'a sauvé de la mort. Matthew a tant flippé à l'idée de me perdre qu'il a demandé ma main. J'ai dit oui, avec des larmes de joie aux yeux. Jamais je n'avais espéré devenir quelqu'un d'aussi important à ses yeux, ses beaux yeux bleus acier.


- je repense beaucoup à la cocaine. Peut-être ai-je l'envie d'en reprendre. Je ne le ferai pas, car avec l'anticoagulant que je suis obligé de prendre, je ferais direct une crise cardiaque ou un avc. Alors je me contente de me souvenir. Bien souvent, je me dis qu'on est un drogué à vie. Même quand on arrête physiquement, on ressent toujours une certaine dépendance émotionnelle. On a besoin de se défoncer d'une manière ou d'une autre, pour oublier. S'oublier, oublier les autres, oublier la société que je ne supporte plus. La modernité me fait peur.Je ne me sens pas à ma place. Les gens me mettent mal à l'aise, avec leurs obsessions. J'ai besoin de fuir, de vivre ailleurs mentalement. Voir les visages me cause des heurts, des blessures. Je ne vois plus des visages, des identités, mais des trognes patibulaires. On me dit que je suis fragile, perturbé. Je suis surtout fatigué. Et las d'être rejeté pour ce que je suis et ce que je ne suis pas.


-J'ai besoin de faire une pause. Mais une pause avec quoi ? qui ? Je n'ai plus 20 ans, je me sens terriblement las. Je ne veux plus lire de livres modernes, ils me donnent la nausée. Je n'aime ni les couvertures trop réelles, ni le ton provocateur idiot des phrases. Je n'y arrive plus, je suis arrivé à un point de non -retour. Avec le port du masque, j'ai pris l'habitude de ne plus faire semblant de sourire. Car avant le covid, je souriais constamment. Pour cacher mes véritables sentiments et réactions. Cacher mes peines, mes hontes, mes chocs, mes larmes. Sourire, pour éviter de pleurer et hurler de détresse. Faire une pause avec moi meme me semble irréalisable, comment faire sans tomber dans un abîme de paradoxes asphyxiants ? Comment rester cohérent si je suis dans le flou ? Envie de faire une pause avec tout.

- je songe très souvent à ma jeunesse, mon adolescence, comme si ça pouvait combler un manque. J'étouffe, j'aspire à retrouver une liberté que je ressens plus, je me sens coquille vide. Je repense à mes 17 ans exactement, l'âge de ma fille, et me dis que je n'étais qu'un sale con. Sale con mais libre. Aujourd'hui j'ai une vie d'époux, de père, je travaille, je paye les factures, je fais des spectacles de danse. Mais après, est-ce que je me sens épanoui pour autant ? Pourquoi est-ce que je me sentais plus libre avant ? Parce que je n'avais aucune responsabilité ? Pour moi, être libre signifie-t-il être dénué de toute responsabilité ? J'ai toujours eu une personnalité compliquée, complexe, à la fois grave et légère. D'une certaine manière, je suis en train de m'aduler au travers des souvenirs sûrement déformés par le temps. A l'époque, je n'étais pas heureux. A 38 ans, pas plus. Envie de tout envoyer valser, de partir vivre en roulotte, qu'on ne me fasse pas chier. Je bouillonne. Mais le remords, l'envie de retrouver mon homme est la plus forte. Besoin de stabilité, d'un foyer, d'un abri qu'on ne me refuse pas.


- je me sens comme un raté. Danser est pour moi l'unique issue qui me permet de respirer. Mais j'arrive à l'âge de la retraite. Avoir quitté ma vie à montréal, ma famille, mes amis, pour me retrouver ici à paris, dans un pays que je n'aime pas, me bousille intérieurement. J'ai le mal du pays, je ne me sens chez moi qu'au canada. Les français me sont étrangers. Danser me permet de m'évader, m'envoler, redonner un peu de classe à celui que je n'arrive pas à être. Un bien triste vilain petit canard.

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Commentaires
P
Difficile d'écrire un commentaire sur une telle note.<br /> <br /> Je vais commencer par la fin de ton texte : est-il impossible pour toi de retourner vibre au Canada ? Cela t’apaiserait à priori (à moins que ce ne soit qu'une fuite ?).<br /> <br /> Je crois qu'il faut vivre sans toujours se questionner sur l'image que les gens ont de nous. On ne peut pas plaire à tout le monde, on ne peut pas être aimé de tous. Je sais qu'il est bien plus facile d'écrire qu'il faut s'aimer, que de le faire.<br /> <br /> J'espère que tu retrouveras une sérenité.
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