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ma vie et moi (gay, père, lecteur, danseur, écrivain)
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9 juillet 2022

le déni

Je voulais lire un ouvrage de michel onfray, par curiosité. Je me souviens qu'à l'époque où j'étais étudiant en philosophie, nous ne le considérions pas comme un vrai philosophe. Plus tard, je me suis dit que, peut-être, mon jugement avait été hâtif et surtout formaté par la mentalité sorbonnarde. Mais après avoir lu ce livre, franchement, Image d'une page de livre. Cliquez pour afficher l'aperçu.j'ai du mal à le voir comme un philosophe.


Ce livre est une sorte de touche-à-tout, bourré de digressions pas très enrichissantes...
Le thème du livre, par contre, est intéressant. C'est le personnage de don quichotte. Je me rappelle d'un débat que j'avais eu avec des étudiants. On se demandait s'il valait mieux lire d'abord un ouvrage et ensuite son commentaire, ou l'inverse. L'évidence, pour moi, était de lire d'abord de livre et ensuite le commentaire. Mais voilà qu'à 39 ans je lis le commentaire de don quichotte alors que je n'ai jamais lu ce roman de cervantès...


Don quichotte est le déni personnifié. Il croit à l'illusion, bien plus qu'au réel. Des moulins qui sont des géants, une paysanne qui pue l'ail devient une princesse ravissante... Don quichotte est un féru de romans de chevalerie et ses vertus chrétiennes. Cervantès, dont la vie elle-même reste énigmatique, s'amuse à inverser les valeurs du vrai et du faux, du réel et de l'illusion pour écrire un roman du genre Merveilleux, mais surtout une satire de l'Eglise à une époque où la religion chrétienne n'était pas du tout tolérante... Les accusations contre l'Eglise sont portées par un personnage volontairement fou. Sa drôlerie permet aux accusations d'être plus digestes par les lecteurs du 17e siècle. Cela permet aussi à cervantès de ne pas être inquiété par l'inquisition.


J'ai trouvé que michel onfray jouait au philosophe en parlant un peu de n'importe quoi : un coup de psychanalyse, un coup de nietzche, un coup de platon, un coup de logique, des allusions à kant... Je me souviens de mes cours de logique : je ne comprenais RIEN. C'est conceptuellement mathématique.


"Le principe de don quichotte qui nomme la déraison pure suppose la pulvérisation de la logique,du bon sens et du sens commun. Tout est vrai, donc le faux aussi. Le faux devient une modalité du vrai. "


"Voilà la logique de la folie : impossibilité de consentir à la vérité du vrai, affirmation de la relativité du vrai, allégation de la fausseté du vrai, conclusion de la vérité du faux et apotille avec l'assertion que seule est vraie l'affirmation que le vrai n'existe pas".


La logique a son humour de philosophe, n'est-ce pas ! De mes années de DEUG, je me souviens d'un prof qui nous avait assenés une vérité imparable et simple à retenir :
- on ne peut pas dire une chose et son contraire dans une même phrase
- la vérité, c'est dire quelque chose de compréhensible ; si on ne vous comprend pas, c'est que votre raisonnement ne va pas.
Exactement ce que ne fait pas don quichotte.


Ce livre est une analyse à contre-courant de l'habituelle analyse littéraire pleine de condescendance. Michel onfray , ce libertaire et athée assumé, a un ton clairement irrévencieux. Il n'hésite pas à relever les hontes, péchés de don quichotte et de sancho pança. J'ai trouvé drôle le passage graveleux où il est question du moment où sancho veut déféquer sans bruit... hélas c'est un échec malgré ses précautions, ce qui provoque des odeurs nauséabondes en ligne droite et perturbe don quichotte...Je crois que c'est le passage que j'ai le mieux retenu lol !


D'un point de vue plus personnel, ce thème m'a tout de même intéressé car avant on me traitait souvent de don quichotte. Autrement dit, on m'a accusé de déni du réel entre mes 12 ans et mes 21 ans. J'ai fui la réalité violente en lisant, en écrivant, par le sexe puis la drogue. Le déni, c'est une façon de survivre aux traumastismes du réel. Quand la vérité est trop douloureuse à surmonter, on ne la surmonte pas, on l'évite. C'est justement la conclusion de ce livre de michel onfray. Il n'a pas tort, c'est réel.

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