la danse, mon âme
Parfois, je me dis que si je me suis lancé dans la danse classique, c'était surtout pour faire plaisir à ma mère. Mais comme c'est une garce, je n'ai jamais eu la moindre reconnaissance (ni même amour, disons-le) de sa part.
Quand elle était jeune, elle voulait devenir prof de danse, mais suite à un souci au dos elle s'est reconvertie dans le stylisme. Elle m'a poussé très jeune à me former à l'école nationale de l'opéra de paris, dans l'espoir que je devienne un surdoué, un danseur étoile. Sauf qu'être danseur étoile ne court pas les rues. Quand elle a vu que je ne prenais pas la direction tant souhaitée, elle m'a regardé avec mépris, comme si tous mes efforts étaient vains.
Je viens de terminer un second roman, cette fois-ci sur le domaine de la danse classique. C'est tout ce que j'ai toujours voulu dire sans oser. On nous apprend surtout à être discipliné, or être un bon petit soldat n'a jamais été mon fort. Même si j'aime énormément les ballets, je ne supporte plus l'élitisme et l'arrogance de ce milieu. Quand on a une santé défaillante, on est vite dégagé de la liste des danseurs intéressants. Bien que j'aie connu un certain succès au canada, ici je ne suis personne. C'est l'anonymat le plus dur à digérer, je pense. Et justement, je ne veux pas faire une dépression à cause de cet anonymat.
Le spectacle que je crée est le mien, dans le sens où j'ai crée mes propres chorégraphies. Je ne réinterprète pas pour la énième fois le lac des cygnes ou perséphone. La plupart des danseurs classiques sont mûs par la gloriole. Moi en premier, je l'ai été. Mais après les phlébites musculaires, j'ai réflechi à mon avenir. ça a été un tournant décisif. Cest la première fois que je remonte sur scène depuis ce souci de santé. Je suis obligé, une fois par an, de voir un flébologue pour contrôler l'état de mes jambes par un doppler et avoir l'ordonnance pour l'anticoagulant que j'ai sur le long terme. Seuls me proches le savent, mais c'est parfois difficile pour moi de me projeter en tant que danseur dans le futur. Heureusement que j'ai mon mari et mes deux enfants, sinon je n'aurais pas tenu je pense.