Noel a toujours été important pour moi. Parce qu'à mes yeux, noel ne se fête pas seulement le soir du 24 et la journée du 25. C'est toute une mentalité qui débute fin octobre. L'avent commence avec la veille de la toussaint. Noel est à l'origine une fête paienne : c'est la fête de la lumière. Nos ancêtres craignaient la dureté de l'hiver et illuminaient le sapin, seul arbre qui gardait sa verdure durant l'hiver, pour garder de l'espoir.
Aujourd'hui, je n'ai plus aucun plaisir à faire les achats de noel en décembre. Trop de monde dans les magasins, les gens sont super énervés. Les autres me gâchent le plaisir. Avant, j'adorais voir les décorations dans les vitrines. Maintenant, je fuis ces endroits. Du coup, je fête l'avent autrement. En lisant, essentiellement. Je lis des textes sur noel, cela me permet de ne pas oublier l'état d'esprit de noel, ses messages de bonté, d'aide, de chaleur humaine.
Curieusement, j'ai toujours souhaité peu de cadeaux à noel. Un livre, un parfum, et j'étais content. Aujourd'hui, les gens veulent des cadeaux à la mode, des iphones à la con, des fringues chères pour ensuite les revendre sur internet. C'est aux antipodes de ce qu'est réellement et originellement noel.
Je commence à préparer noel dès le mois d'octobre, depuis quelques années. J'achète beaucoup, c'est vrai, parce que j'aime faire plaisir. Pour cette année, j'ai acheté de la nourriture fermière (chocolats, vins, terrines, plats du sud-ouest), des vêtements atlas for men pour mon mari adoré, des produits de beauté artisanaux et bios (à base de miel, lait de chèvre, eau florale, algues, rose...). En revanche, je n'ai rien acheté pour moi. Je donne mais n'aime pas trop recevoir. Comme si je n'étais pas digne de recevoir quoique ce soit.
D'octobre à fin janvier, dans ma tête et mon coeur c'est Noel. Le vrai noel, celui des pauvres, celui de la générosité. C'est un moment dans l'année que j'étale le plus longtemps possible pour fuir la cruauté du monde extérieur, ses obsessions maladives, ses menteurs, ses indifférences. Noel est la période de l'année qui me redonne courage et force. J'aime me calfeutrer chez moi, m'isoler de la réalité mesquine de la rue.
J'essaye de garder en moi le plus longtemps possible la sagesse de jésus christ.
Beaucoup de gens n'ont pas compris pourquoi je me suis converti au christianisme, à une époque où j'étais vu comme blasphémateur. Je me suis converti tout simplement parce que peu avant j'ai vécu un miracle. J'ai fait une crise d'épilepsie le jour où j'avais prévu de me suicider. J'avais prévu de me tuer le 1e janvier. Je venais d'avoir 22 ans. J'avais écrit une lettre à mon frère. Environ une ou deux heures avant de passer à l'acte, je me suis soudain senti mal devant mes parents. Et pendant quinze minutes, ce fut l'absence totale. Quand je me suis "réveillé", j'ai vu du sang sur mon pantalon. J'ai cru que j'avais tué quelqu'un. Ma mère, qui avait cru bon de me mettre un doigt sous la langue persuadée à tort que les épileptiques avalent leur langue, n'a pas mesuré la lourdeur d'une mâchoire qui ne se contrôle pas. J'ai croqué son doigt, tout en étant inconscient. Quand j'ai repris connaissance, il y avait deux pompiers. On m'a demandé si cela m'était déjà arrivé, je n'avais le souvenir que de ma nausée précédant la crise. Je suis allé aux urgences, j'y suis resté une nuit. On ne m'a trouvé une chambre qu'à minuit. Je me suis retrouvé avec une vieille dame ...qui avait fait une tentative de suicide. C'est étrange, non ? Je voulais me tuer, le destin me sauve et je me retrouve à l'hopital à côté d'une femme qui a attenté à sa vie en se coupant les veines du poignet. Comme si ce que j'avais prévu pour moi avait "glissé" sur quelqu'un d'autre. Quand je l'ai entendu raconter ce qui n'allait pas au médecin, j'ai pris conscience du miracle que j'avais vécu. J'ai été obligé de prendre un médicament pendant deux semaines. Tous les jours, je disais à voix haute : "merci". Je ne savais pas à qui, je ne savais pas réellement pourquoi, mais j'ai réalisé combien j'étais croyant. Combien j'avais droit à une seconde chance. Quiconque a connu ce genre de miracle comprend pourquoi on se convertit ensuite à une religion, pourquoi on s'y raccroche.
Récemment, j'ai eu plusieurs grosses déceptions sentimentales. En soi, ce ne sont pas des soucis bien graves, mais je suis extrêmement sensible au rejet, c'est une plaie qui ne cicatrisera jamais. Elle est bien trop profondément enracinée moi. Des personnes qui se foutaient de ma gueule, me mentaient en prétendant être bien trop épuisées, malades ou occupées pour répondre à mes messages, et qui en réalité allaient tous les jours sur twitter, mettaient des vidéos en ligne où on les voyait en grande forme. Des personnes qui ne prenaient même pas la peine de me demander comment j'allais. Ces hypocrites me font vomir. Je les hais. Au moins, lorsque je suis seul avec la religion, lorsque je suis seul avec noel dans le coeur, lorsque je suis seul à lire des textes de noel, je me sens nettement moins esseulé et mal qu'en (mauvaise) compagnie des gens. Durant ce laps de temps où je prépare noel dans mon coeur, je m'apaise enfin.