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ma vie et moi
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4 avril 2022

le monde impitoyable de la danse classique

Nous avons repris les chorégraphies en salle. Le contrat est d'un an. D'ici la rentrée, nous présenterons le spectacle. Cette fois-ci, ce n'est pas moi qui gère les lieux de représentation, étant donné que c'est avant tout le spectacle musical de mon amie québecquoise.
Elle choisit des morceaux au piano que nous apprécions beaucoup, comme chopin, dvorak, scarlati, raspughi...


De mon côté, je suis content d'avoir opté pour une chorégraphie participative, cela nous a permis de continuer à créer nos danses en visioconférence. Une choré participative consiste à ne pas établir à l'avance les pas de danse, on n'impose pas un plan chorégraphique mais on s'adapte au fil des morceaux. Cela développe l'esprit d'équipe, indispensable à un spectacle de qualité.

Cela fait plusieurs années que ma carrière de danseur est en berne. Depuis mes phlébites musculaires, en fait. Pour un danseur professionnel, c'est la catastropphe, le drame dont on ne se remet pas. Martha graham a dit : "un danseur meurt deux fois, la première fois c'est quand il ne peut plus danser". Cette détresse, je l'ai ressentie plus d'une fois. Mes phlébites successives m'ont fauché en plein vol. Le monde du ballet est impitoyable, car on est remplaçable, à moins de s'appeller Noureev, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.Si on a une santé fragile, on trouve difficilement une place dans un spectacle de choix. Puis surtout, on est stressé à l'idée de ne pas satisfaire nos ambitions car un danseur est considéré vieux dès 40 ans. Plus qu'un an, et je serai officieusement à la retraite. Heureusement que je suis désormais chorégraphe, cela me permet de garder une assise professionnelle dans cet univers.


J'aime créer, inventer, orchestrer les chorégraphies. Hélas, le public ne retient quasiment jamais le nom des chorégraphes, seuls les danseurs (et danseuses, principalement) sont mis en lumière. Ce qui est dur à supporter, c'est le retour à l'anonymat. Pendant notre formation à l'école de danse, on nous met dans la tête des rêves de gloire, on entend des propos d'élitisme. Je n'ai jamais envoyé de cv pour trouver une place de danseur, le piston suffisait. Qui dit piston dit aussi relations sexuelles plus ou moins forcées. Prostitution déguisée. C'est quelque chose qui me semblait normal il y a encore 10 ans ; aujourd'hui j'en ai profondément honte car je me rends compte que cela ne m'a servi que sur le moment,sur le court terme. A long terme, c'est ma réputation qui en a subi les frais. Or, la réputation fait tout, quand on est danseur de ballet.


Au moins, en étant chorégraphe et accessoirement directeur artistique pour le spectacle que j'ai présenté l'été dernier malgré le covid, je redore mon blason, je recouvre ma fierté d'artiste. Je ne couche pas avec la troupe ni le producteur. Je crée, cela me suffit. Peut-être enseignerai-je aussi la danse, après mes 40 ans.

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