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27 avril 2022

mon ancienne école de danse

Je suis allé à mon ancienne école de danse. J'avais un gros coup de nostalgie et ai donc décidé, par curiosité, d'aller jeter un oeil. Question de voir si ça avait changé. L'accueil a changé, mais pas l'odeur de la salle de danse.

Une secrétaire m'a accueilli un peu froidement, me demandant si je venais voir quelqu'un ou si j'avais besoin d'un renseignement. Ni l'un ni l'autre, je venais juste en curieux, parce que j'étais un ancien élève. Et là, à ces mots "ancien élève", son visage s'est illuminé. Miracle, elle m'a souri. Elle me dit que l'école recherche justement des témoignages d'anciens élèves pour motiver les élèves actuels. Je suis un peu surpris, car en général dans une école professionnelle de danse, on veut travailler le plus tôt possible. Surtout que la formation coûte cher. S'ensuit une discussion avec la secrétaire, elle me dit que suite aux confinements beaucoup d'élèves ont abandonné la formation et que peu se sont inscrits cette année par peur des contaminations. Que nombreux sont les élèves qui craignent de se retrouver au chômage car le monde du spectacle est en berne. C'est une réalité que je confirme.

Quelques jours plus tard, je suis revenu pour parler aux élèves. Une heure en tout, durant laquelle j'ai fait un petit discours pour ensuite répondre à toutes sortes de questions. Je les connais par coeur ces langues de vipère ambitieuses pour avoir moi-même été l'une d'elles, mais je connais aussi la détresse actuelle des artistes. Les élèves ont surtout voulu savoir dans quels spectacles j'avais joué, sous quelle direction, quels spectacles j'avais organisés. Certains ont même paru (mais n'est-ce là qu'une illusion ?) intéressés par l'idée de faire partie de la troupe pour le prochain spectacle que j'ai en tête. J'ai raconté mon parcours à montréal, les débuts difficiles, raconté que j'avais été fauché en plein vol par des phlébites musculaires, que la peur de l'anonymat est une réalité, mais aussi le sentiment d'agir pour le bien public grâce à l'art, les galas, les interviews, le succès qui monte vite à la tête.

J'ai essayé tant bien que mal d'alerter les élèves sur l'inutilité d'être trop ambitieux. Mon message ? Faites votre travail avec sérieux, sans faire de coups bas aux autres car cela ne sert à rien. Je parle en connaissance de cause. Je me rappelle d'une copine que j'ai royalement virée d'un spectacle en pourrissant sa réputation car je ne voulais pas d'elle pour concurrente. Elle était sympathique pourtant, mais nous étions trop en compétition.


Je me sens revigoré en tant qu'artiste. La crise du covid a mis les nerfs (et les comptes en banque) à rude épreuve. La danse en a fortement pâti car c'est le monde même du contact corporel. Avoir parlé aux élèves, avoir réussi à les motiver pour garder le cap, fait que je me sens aujourd'hui reconsidéré. Puis surtout, je pense que je me sens quitte à l'égard d'une de mes profs qui, jadis, m'a profondément aidé. Elle avait bien deviné que je me droguais, et lorsqu'elle a vu mon absence prolongée à l'école, elle est venue chez moi et m'a proposé de faire une sorte de rééducation chez elle, une heure tous les soirs. Elle n'y était pas obligée. Sa gentillesse m'a sauvé la vie. C'est à elle que je dois ma carrière de danseur. A cette époque, j'avais beaucoup maigri à cause de la drogue dure. Matthew avait rompu avec moi car il ne supportait plus ma toxicomanie et cela a empiré mon addiction. De la cocaine, je suis passé à l'héroine. J'avais perdu plus de 10 kilos. J'étais pâle comme la mort. Je n'arrivais plus à danser. Je me suis toujours senti redevable vis à vis de cette prof. Peut-être avais-je aussi l'envie de la recroiser à l'école, mais elle est vieille maintenant, à la retraite depuis longtemps. Merci de tout mon coeur, marie. Ce témoignage, je te l'ai dédié aussi.


En acceptant de témoigner au sein de mon ancienne école de danse, je me suis rendu compte du temps qui a passé : vingt ans. ça me file d'autant plus un coup de vieux que la réalité de la danse classique est cruelle. Je sais très bien que je ne suis plus considéré comme un "bon filon". Avant de me lancer dans la création de spectacles, j'ai passé quelques auditions. Et à chaque fois, on m'a fait remarquer que je n'étais pas vraiment un bon élément à cause des phlébites musculaires que j'ai faites il y a plusieurs années. Un danseur avec une santé défaillante n'est pas "fiable", donc on ne l'intègre plus dans les spectacles. Même si j'ai regagné en souplesse, il y a malgré tout des sauts que je ne peux plus faire car mes chevilles sont fragilisées. D'ailleurs, je ne suis pas fragilisé qu'aux chevilles : je le suis également au bassin et au genou depuis mes 13 ans. Nombreuses sont les danseuses qui ont les pieds complètement bousillés à cause des pointes, sans parler du risque de se déformer la colonne vertébrale. S'échauffer est une prorité absolue quand on est danseur professionnel, surtout dans le ballet. C'est la condition sine qua non pour ne pas se faire de claquages. Car le claquage, c'est au mieux la pause, au pire la mort d'une carrière. De cela, j'en ai parlé dans mon témoignage.Ce n'est pas une réalité agréable, mais il faut la mentionner. La plupart des carrières sont courtes car la santé ne tient pas,voilà pourquoi on débute parfois sa carrière vers 16 ans. Je faisais déjà des petits spectacles à cette époque, mais sans faire partie du corps de ballet. Au moins, je sais qu'aujourd'hui en créant mes propres spectacles, je peux danser, adapter les chorégraphies à ce que je peux faire ou non. Il faut juste que je reste en bonne santé quand il y a la visite du médecin du travail.

J'ai retrouvé une ancienne vidéo que j'avais faite vite fait lors d'un spectacle de cabaret dans lequel j'avais dansé chez maxim's, à l'âge de 19 ans.

 

 

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