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27 avril 2022

dire non

"Non" fut le premier mot que j'ai prononcé étant enfant. Je crois qu'aujourd'hui c'est encore mon mot favori. Dire non, c'est reconnaître sa liberté de penser et d'agir au nom de sa personnalité propre.
Je viens de terminer le livre "dire non" d'edwy plenel. A la lisière entre engagement politique contre l'extrême droite et philosophique pour un renouvellement de l'Humain Résultat de recherche d'images pour "dire non edwy plenel"dans notre société, je l'ai trouvé peut-être un peu trop contextuel dans la mesure où il a été écrit en 2014 et qu'il s'adresse à Hollande. Mais il n'est pas évènementiel, au contraire plenel livre des clefs démocratiques dont nous devrions vivement nous inspirer actuellement.
L'extrême droite, ce n'est pas qu'un vote. Ce n'est pas qu'un parti politique. C'est avant tout un système de pensée basé sur la haine de l'autre, sur un "entre-soi" nocif.Depuis que je suis revenu en france, je suis mortifié de voir combien les gens que je rencontre sont centrés sur eux-mêmes, sur leurs bulles virtuelles. Quand j'écoute les conversations, je n'entends que des discussions à bâtons rompus, sans messages fondamentaux, sans critique personnelle. Quand je regarde les gens dehors, je vois des gens uniformisés qui font tous la même chose : baisser la tête sur leur iphone.


Ce livre est à la fois politique, philosophique et sociologique. J'ai beaucoup aimé les références à des philosophes comme gilles deleuze, michel foucault, sartre,montaigne. Ce passage tiré d'un discours de jean jaurès s'adressant aux lycéens d'albi en 1903 peut résumer l'essentiel de cet ouvrage :

"Dans nos temps troublés et incertains, l'audace est gage de confiance quand la prudence sème le trouble. Jaurès, qui refusait ce faux courage de la violence exacerbée en quête de boucs émissaires, faisait l'éloge du vrai courage, celui de la tenacité et de la fidélité, du chemin que l'on trace tous ensemble, dans le souci du monde et des autres, dans la conformité des actes aux paroles, dans la recherche d'une élévation vers l'idéal plutôt que d'un arrangement avec l'habitude.


"Le courage, disait-il, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes (...) Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche, de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques."


Nous vivons dans une société complètement uniformisée : nous faisons comme les autres par peur d'être montré du doigt, par peur d'être différent de son voisin. Mais c'est justement la différence qui anime le dialogue si oxygénant dans une société démocratique. Nous avons peur de dire haut et fort ce que nous pensons, par peur d'etre exclu des réseaux sociaux, de ne pas avoir de "succès virtuel". Internet est en ce sens la plus grosse tyrannie car elle concerne le monde entier, le monde est devenu l'esclave de la pensée à sens unique. Je pense parfois que l'extrême droite a gagné, non par un vote électoral mais dans les esprits des gens. Nous vivons dans le déni de l'autre : c'est grave ! Si les gens sont aussi violents les uns envers les autres, s'ils sont aussi méprisants envers tous ceux qui ne leur ressemblent pas, s'ils préfèrent se goinfrer de désinformation sur facebook plutôt que d'alimenter leur réflexion par la lecture de philosophes politiques, c'est parce qu'ils tombent dans le panneau de lepen qui a bien su manipuler les personnes dépersonnifiées, les humains déshumanisés, les chroniqueurs sans critiques : bref, de personnes incultes. Je pense que si l'extrême droite est montée si haut récemment dans les votes, c'est parce que notre société favorise l'immédiateté à la réflexion, les slogans uniformisateurs à la singularité de l'individualité, l'ignorance à la culture. Quand on est soi-même, on cherche à créer un dialogue avec autrui, non à s'enfermer dans un entre-soi barbare, fanatique et liberticide.

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